DIVINITES

 

Voici la galerie de portraits des grands mythes de la Création et des principales divinités que nous dresse Joëlle de Gravelaine dans son livre " La Déesse Sauvage " dont nous nous sommes inspirés pour vous présenter ces extraits.

I - LES GRANDS MYTHES FEMININS DE LA CREATION

Selon la tradition, toutes les créatures vivantes seraient nées de l'eau. La première déesse de vie serait ainsi la Mer, la mer/mère originelle qui aurait engendré par parthénogenèse le Ciel et la Terre, An et Ki. Les textes sumériens font allusion à Namu, la mer primordiale, " l'aïeule qui enfanta tous les dieux " (cf. Mircea Eliade, in Histoire des Religions). Le ciel aurait été formé en premier, la terre en second, et plus tard " les Kami (divinités) furent engendrées dans l'espace qui les séparait ".

· TIAMAT, la Mère-Chaos
Tiamat est l'Eau Primordiale, l'océan et Apsu " les eaux douces sur lesquelles surnage la terre ". Du mélange de ces eaux surgiront des couples divins tels Anshar et Kishar. De leurs noces naîtra le dieu du Ciel Anu qui, à son tour, engendrera Ea. Le fils d'Ea, Mardouk sera le grand vainqueur de Tiamat, puis créera l'Homme. Tiamat apparaît à la fois toute-puissante, redoutable et vaincue, dévorante et sacrifiée. C'est une divinité brute, la Mère des origines, la plus archaïque de toutes. Mais cette mère archaïque ne subsiste-t-elle pas toujours dans l'inconscient du monde, comme dans tout ce qui a été vécu, éprouvé, conçu depuis le commencement des temps ?


· GAIA, la Terre-Mère
Lorsque se produisit la séparation des eaux célestes et des eaux infernales, la terre surgit, Géa, Gaia, principe féminin, " terre aux larges flancs, assise, sûre, à jamais offerte à tous les vivants " comme la qualifie Hésiode dans sa Théogonie. Puis Terre enfanta un être qui lui est pareil, capable de la couvrir toute entière. Son nom est Ciel Etoilé, Ouranos. C'est Gaia qui donna naissance au Ciel, puis elle mit au monde les Montagnes, qui sont une représentation d'elle-même, et les Nymphes.
Ainsi, les différentes légendes mettent tour à tour en évidence soit la puissance de la Terre-Mère, soit celle du Ciel.

Lorsque Ciel Etoilé commença à intervenir, il généra, dans sa fièvre de création, une descendance anarchique et désordonnée, faite des célèbres Titans, et des monstres, les Cyclopes.
Une prolifération de dieux et de déesses vit alors le jour, dont le nom et le sexe varient selon les mythes cosmogoniques.
En effet, au commencement des temps, la nature masculine ou féminine du soleil ou de la lune est loin d'être " arrêtée " ; il existe des dieux lunaires mâles et
Vénus (ou Ishtar) est androgyne, changeant de sexe selon qu'elle est étoile du matin ou étoile du soir.

· AROUROU, la souveraine des dieux qui est " digne de commander ", leur a fixé de grandes destinées.
· ANOU, ENLIL, EA et NIN-MAKH, les dieux.
· NIDABA : déesse du grain, des scribes, de l'écriture et de la sagesse.
· ISHTAR : déesse de l'Amour
· ERESHKIGAL : sa sœur, déesse des mondes souterrains.

· La Déesse Mère
La puissance de la Déesse Mère sous la forme de Déesse Terre s'est manifestée depuis l'Asie occidentale et les steppes d'Anatolie ou de Russie méridionale jusque dans le monde méditerranéen tout entier, sans oublier les Celtes. La Terre a très tôt été une image de la Mère, donneuse de vie et de mort. Elle sera nommée tour à tour Terre Mère, Magna Mater, Montagne Mère, Maîtresse des arbres ou des bêtes sauvages.
Dans ses représentations, la Déesse est constamment associée aux arbres et aux piliers sacrés, aux branches chargées de feuillages et de fruits abondants. Ainsi, la forêt de cèdres a toujours été la demeure des dieux et le bois sacré d'Ishtar. Connaissant les vertus et les dangers de toutes les plantes, possédant le don de soigner, sous le nom de Médée, la Déesse en livre le secret aux humains.

· Yurupari
Selon un mythe amazonien, Yurupari, " la Mère ", était une immense, une énorme anaconda et vivait dans les profondeurs du grand fleuve, mais en touchant la terre ferme, elle se transformait en femme. Certains dieux, nommés Aya, décidèrent de se débarrasser d'elle et de la brûler. Des cendres de son corps naquit l'Amazonie.

* Déesse de Vie - Maîtresse des animaux
La Déesse Mère des origines est une créature qui possède une grande puissance instinctive, qui obéit à cette vitalité parce qu'elle lui fait confiance. On la retrouve depuis toujours associée à un certain nombre d'animaux : l'ourse, la louve, le lion, la vache, la truie, la jument, le cerf, le chat, le lapin, mais aussi la colombe, la perdrix, la chouette, et le serpent ; ainsi que la Sphinge, le griffon et la licorne. Selon Clarissa Pinkola Estès (in La Loba - la Louve) : " Les loups sains et les femmes saines ont en commun certaines caractéristiques psychiques : perceptions aiguës, esprit ludique et une haute capacité de dévotion, possèdant force et endurance. "
" La Loba, qui connaît le passé et l'avenir, qui est sans âge, peut vous montrer quelque chose de l'âme. " Ce quelque chose de l'âme, connu de toute éternité par la femme qui a su ne pas trahir sa nature profonde, rester proche de ses racines authentiques, de sa force vraie, constitue l'essence de la Magna Mater.
Nous en trouvons quelques représentations dans :
- Héra dont le char est tiré par des griffons en hiver, et au printemps par des chevaux.
- Hécate, suivie de ses chiens noirs qui l'escortent aux enfers.
- Minerve (ou Athéna), toujours accompagnée de sa Chouette, oiseau de sagesse.
- Déméter, qui s'étant refusée à Poséïdon, se voit par lui transformée en jument.
- Hathor, le taureau est un dieu créateur. Il tient entre ses cornes le disque solaire qui conserve un pouvoir " mâle ".
- Isis-cobra et Isis-oiseau, chez les Egyptiens, incarnent à la fois l'âme de la terre et l'esprit du ciel. (Le cobra royal porte le monde sur sa tête, ou le soleil ou la lune.)
- Quetzalcoatl, dieu de la terre, fécondateur, le serpent à plumes se substituant au serpent de feu des Chinois (frère du Dragon).
- En Inde également, on distingue le Serpent Dragon mythique, du Serpent Terre, surtout lié à la fécondité et à l'immortalité.

· Divinité et Androgynat
Ainsi la Déesse, préservant sa double appartenance masculine et au féminine, se cache aussi bien sous les bois de Diane que sous les cornes d'Hathor.
" En effet, le nombre des divinités androgynes ou hermaphrodites, bisexuées ou jumelles est, à travers de très nombreuses religions, considérable. Déesse ou serpent, on les retrouve partout. Cette quête de la reconquête de l'androgynat, au fil des siècles s'est purifiée, dépouillée de toute réalité charnelle. " Et, conclut Joëlle de Gravelaine (in la Déesse Sauvage) : " La Nature androgyne de la Déesse nous renvoie aux temps bénis de l'unité primordiale d'avant la séparation. "


II - LES GRANDES DEESSES MERES


Elles voient leur pouvoir s'étendre et se consolider au moment de l'histoire égyptienne où, renonçant au nomadisme, le peuple se sédentarise.



· ISIS :
Née de l'accouplement de Geb et de Nout, dieu de la terre et déesse du ciel, en même temps que sa sœur Nephtys, elle a pour frères Osiris et Seth. Dans la version égyptienne, Rê se sentant devenir vieux aurait désigné Osiris comme son successeur. Osiris, toujours accompagné, soutenu et conseillé par sa puissante sœur Isis, enseigne à ses fidèles l'agriculture. D'abord agissant en épouse discrète et bienveillante, Isis gagnera peu à peu en puissance.
" Isis est la plus grande, la plus puissante des déesses de l'Egypte et son nom est partout prononcé avec respect et dévotion ", nous dit Joëlle de Gravelaine. " Epouse et veuve inconsolée de son frère Osiris, mère par magie de son fils Horus, maîtresse des étoiles, elle règne sur le ciel comme sur la terre, sur les océans comme sur le monde des morts, prolongeant les années de celui qui lui est dévoué. Grande magicienne, ses pouvoirs semblent illimités.
Voici comment nous la décrit Apulée : " Sa riche et longue chevelure, légèrement bouclée et répandue sur sa nuque divine, flottait avec un mol abandon. Une couronne, irrégulièrement tressée de fleurs variées enserrait le sommet de sa tête. En son milieu, au-dessus du front, un disque aplati en forme de miroir, ou plutôt imitant la lune, jetait une blanche lueur. A droite et à gauche, il était flanqué des volutes de deux vipères à la tête dressée et au-dessus s'inclinaient les épis de Cérès… A sa main gauche pendait une lampe d'or en forme de barque dont l'anse, à sa partie saillante, était surmontée d'un aspic qui dressait la tête en enflant le cou. "
Isis exerça une influence toute-puissante sur toute la lignée des pharaons.

* Isis guérisseuse
Isis prend parfois l'apparence de Selket, déesse initiatrice " qui pourvoit à la vie ". Guérisseuse, par le pouvoir de ses incantations elle sauve des morsures de serpent ou des piqûres de scorpion, mais aussi de diverses maladies.
La grande Isis figure parfois comme Déesse Serpent, ainsi que sa sœur Néphtys.

* La mort d'Osiris
Apprenant la nouvelle, Isis se lamente, puis décide de retrouver le corps de son bien-aimé. Quand elle l'eut retrouvé, la déesse se jeta sur lui en poussant des gémissements si déchirants qu'on eut de la peine à la calmer. Elle réussit néanmoins à faire ramener le corps au palais. Mais une nuit qu'il passait par là, Seth le découvrit ; il reconnut Osiris, et fou de rage, le fit découper en 14 morceaux qu'il dispersa à tout vent. Mais Isis se lancera dans une recherche acharnée et passionnée et finira par retrouver 13 des 14 morceaux de son époux bien-aimé, le quatorzième, on le sait n'étant autre que le pénis d'Osiris qu'un poisson aurait malencontreusement dévoré. La légende nous dit qu'Isis lui en fabriquera un nouveau en le taillant dans du bois d'érica.

* ISIS-HATHOR
Sous la forme d'Isis-Hathor, elle prend une dimension plus sensuelle, plus charnelle, Hathor étant " la divinité du plaisir, de la danse, de l'amour et du vin ", déesse aussi de la maternité, féconde et musicienne.


* ISHA :
Dans l'enceinte du Paradis, grâce au serpent, Isha s'éveille sensoriellement " au contact de ce trouble vivant qu'il incarne ". Elle pressent cette énergie génératrice qui surgit en elle. A aucun moment elle n'a reçu l'ordre de ne pas manger du fruit. Au contraire, en mangeant du fruit de l'arbre interdit, elle évite à Adam d'être foudroyé. Elle montre un instinct puissant et vivant, car, comme le dit Henry James, " le premier et le plus grand service qu'Eve ait rendu à Adam, est de le jeter hors du Paradis ". Ainsi Isha oblige Adam à s'ouvrir au monde, à quitter la matrice.

* ISHTAR :
Ishtar chez les Akkadiens n'est autre que la déesse Inanna des Sumériens, fille d'Anou et de Sin. C'est aussi l'Astarté des Phéniciens, l'Anat des Sémites, l'Héra syrienne ou l'Aphrodite, appelée encore Cybèle.
" Ishtar, la Prostituée compatissante " comme on la qualifie parfois, est par définition la déesse de l'amour, de la volupté et de la liberté. L'Ishtar babylonienne, déification de la planète Vénus, est la divinité de la guerre et de la fécondité, à la fois belliqueuse et voluptueuse. On la décrit " capricieuse, peut-être infidèle, armée d'une volonté de fer, capable de pousser à l'extrême sa vengeance pour peu qu'elle se croie offensée, elle est aussi capable de compassion, de pitié pour les créatures terrestres… Il lui arrive de les plaindre, tout en leur envoyant parfois de redoutables épreuves ! " (in La Déesse sauvage).
D'humeur voyageuse, conquérante, Ishtar-Inanna aime étendre son influence, et aller voir comment vivent les humains.
De la race des grandes déesses, elle sait s'imposer, même aux plus grands dieux, notamment à son père Enki. Textes et légendes relatent comment elle obtient de lui la suzeraineté de la ville d'Uruk, et évoquent son épopée dans sa descente aux Enfers, pour visiter sa sœur Ereshkigal, reine du pays sans retour.

* APHRODITE :
La légende lui connaît deux naissances : selon la première, elle serait la fille de Zeus et de Dionée, déesse des bois ; pour la deuxième, Hésiode rapporte que Cronos châtre son père à la demande de sa mère et que " du sang échappé de la blessure, tombé avec du sperme dans l'océan et mêlé à l'écume naît la plus belle de toutes ses créatures : Aphrodite, celle qui " naît de la mer ". Botticelli l'immortalisa en faisant émerger son corps de déesse à la lumineuse chevelure d'une conque marine.
Aphrodite la Cypriote ne serait autre que l'Astarté des Phéniciens qui devint Vénus pour les Latins. A l'origine elle n'était qu'une simple déesse des labours et des jardins. " Dispensatrice de rosée, elle acquiert un pouvoir fécondant qui fera d'elle une déesse de la fertilité, comme toutes les autres grandes déesses. "
Avant tout déesse de l'amour, du désir et de la passion, Aphrodite-Astarté-Vénus " a aimé le plaisir et a eu plaisir à le partager ". Car à sa beauté si parfaite, nul, homme ou dieu, ne pouvait résister. Cette belle et capricieuse déesse du désir passait aussi pour être moqueuse, et son charme difficile à rompre. Mais elle n'avait pas la réputation d'être, comme Athena, une femme de tête.
Son amant le plus célèbre, Arès, dieu de la guerre, lui donna des enfants parmi lesquels on citera Deimos et Phobos, ainsi qu'Harmonie et Eros.... Parmi ses autres amants, nous citerons Dyonisos avec lequel elle partagea amour, plaisir et ivresse…
On raconte que la plupart des déesses de l'Olympe la jalousaient, notamment Artémis, Hestia, Athéna et Héra elle-même.

* DEMETER - HECATE - PERSEPHONE :
Trio de déesses grecques :

* Déméter : une des grandes déesses mères, appelée parfois Méter, déesse de la terre liée aux rites agraires et maîtresse des Mystères d'Eleusis. Cérès-Déméter donna son nom aux céréales, si essentielles à la vie. C'est à elle que l'on doit la création du figuier.
Elle figure parmi les 12 grands dieux de l'Olympe. Elle eut avec son frère Zeus une fille bien-aimée, Perséphone, pour laquelle elle accomplit sa " Descente aux Enfers " afin de la retrouver. La légende raconte qu'alors qu'elle jouait dans une belle prairie avec d'autres déesses, Perséphone est tout à coup attirée par un magnifique narcisse. Au moment où elle va pour le cueillir, la terre s'entrouve et la jeune fille tombe en Enfer, auprès du dieu Hadès, son ravisseur.
Découvrant la disparition de sa fille et ne sachant où la chercher, Déméter fait appel aux pouvoirs d'Hécate l'enchanteresse.
Dans l'esprit de tous Déméter demeure une déesse sage, vierge, présidant aux moissons, figée dans une image de " bonne mère ", mère éplorée. Associée à Eleusis et ses mystères, elle rejoint les Mystères isiaques.

- Hécate : déesse des enchantements et de la magie. " Celle que Zeus honore " fut, entre toutes les divinités, comblée par lui de dons magnifiques. Elle sait exaucer ceux qui l'implorent. Avant tout déesse de l'ombre et de la nuit, elle a trois visages, trois corps et on la plaçait aux carrefours afin qu'elle indique son chemin au voyageur.
Attendrie par la requête de Déméter, elle accepte de l'accompagner aux Enfers.
Pour la postérité, Hécate appartiendra à l'ordre des grandes sorcières, connaissant les secrets de la magie et du monde des ombres.

- Perséphone :
Perséphone, de son nom latin Proserpine, apprendra beaucoup dans le Royaume des ombres. On raconte qu'elle y agit toujours en accord avec son époux, Hadès. Celui-ci passait pour savoir se rendre invisible, connaissait beaucoup de secrets. Il était riche car possédant tout ce qui se trouve dans les entrailles de la terre, et jouissait d'une réputation de dieu juste et non cruel.


* HERA-JUNON
:
Sœur aînée, épouse de Zeus et reine du Ciel et déesse du mariage. Selon certains auteurs son nom pourrait signifier " la maîtresse ", selon d'autres il serait le pendant féminin du nom " Héros ", guerrier. Comme symboles féminins, les grenades et les pommes sont ses fruits associés, cadeau de noces de Gaia à Héra.
Son oiseau est le paon, supposé incarner l'orgueil, mais il est divin aussi, en Inde surtout, car étant porteur de " cent yeux ". Est-ce grâce à lui que cette redoutable déesse " voit tout " ? Proche des déesses guerrières que nous venons d'évoquer, Héra cessa très vite de n'être protectrice que de la femme, du foyer et des enfants. Vénérée par les rois et les nobles, elle apparaît souvent sur les champs de bataille.
Connue chez les Latins sous le nom de Junon, elle sera dénommée en Syrie Atargatis, dont Plutarque nous dit : " Les uns la prennent pour Aphrodite, les autres pour Héra et d'autres pour la Nature qui a tiré de l'humidité les principes et les semences de tous les êtres, et fait connaître aux hommes la source de tous les biens. " Elle ressemble ici à Cybèle portée par des lions. Lucien de Samosate ajoute : " D'une main elle tient un sceptre. De l'autre, un fuseau. Sur sa tête elle porte des rayons, une tour et le bandeau. Elle est couverte d'or et de gemmes précieuses blanches, ou couleur d'eau, de vin et du feu. On y voit aussi nombre d'onyx de Sardes, de hyacinthes et d'émeraudes. "

· VESTA :
Vesta, déesse au foyer, est dénommée Hestia chez les Grecs ; elle refusa le mariage bien qu'elle ait été courtisée par les plus prestigieux des dieux et préféra demeurer vierge. C'est à elle que nous devons la dénomination de " Vestales " pour certaines prêtresses entretenant et veillant sur la flamme sacrée.


* ATHENA :
Encore plus connue sous son nom latin de Minerve, elle incarne la force et la maîtrise, sobrement vêtue d'une longue robe, le regard fier, distant, parfois même foudroyant. Selon la légende, pour qu'elle vît le jour, on dut fendre le crâne de Zeus, son père. Avant tout déesse de la guerre, elle naquit ainsi toute armée, déjà guerrière et prête à affronter tout adversaire qui se présenterait. Nous retrouvons ici le vieux mythe d'Adam donnant naissance à Eve ; ici elle ne sort pas de sa côte, mais de la tête de Zeus. Athena sera sans contexte la fille de son père. Elle gardera sa nature de vierge célibataire, de guerrière intrépide, comme les Walkyries, intervenant en personne sur le champ de bataille.
Elle fut respectée et célébrée dans le monde latin et chez les Romains comme Minerve, la " Mnrva " des Etrusques, déesse de la Sagesse. " Son pouvoir et sa protection s'étendaient sur les arts et les artisans ; patronne des villes, des cités et de la famille, elle fut priée, invoquée, adorée, notamment dans le très célèbre parthénon " (J. de Gravelaine, op.cit.).

Les héros qui implorèrent sa protection ne se comptent plus. Les favoris furent certainement Ulysse et Persée. Elle fut, comme Héra, l'alliée fidèle des Grecs au cours de la guerre de Troie. Par ailleurs, elle armera le bras de Persée, lui fera présent de sandales ailées, du casque qui rend invisible, de la besace où déposer la tête tranchée de Méduse.
Porteuse d'égide, elle " détermine chez l'adversaire une paralysie froudoyante dont l'efficacité magique est surdéterminée par le masque de la Gorgone, avec son regard de mort qui fige tout ce qu'il touche dans l'immobilité de la pierre ".
En résumé, Athena, née sans mère - comme s'il fallait écarter la force du féminin -, ne retient en elle que la force intelligente et avisée du masculin, mais de façon subtile, discrète et presque inavouée.

* ARTEMIS :
Elle ferait partie des Grandes Mères sauvages de l'époque pré-hellénique d'origine minoenne. La plus habile des chasseresses, maîtresse des bêtes sauvages, dame des fauves, vivant dans les bois et les montagnes, est aussi protectrice, grâce à sa tendresse maternelle, des nouveau-nés, humains ou animaux, apportant son aide aux femmes et aux femelles en couches.
A l'origine, elle fait partie des authentiques déesses du sol, de la fécondité, des naissances, elle qui est " la première mère de tous les animaux " (cf. E.O. James). Sa cruauté n'est pas constante, et lors de sa rencontre avec Hercule qui venait de blesser d'une flèche sa précieuse Biche aux pieds d'airain, elle lui pardonne et l'autorise à emmener la biche, lui permettant ainsi d'accomplir l'un de ses douze travaux…
Elle aurait également été la déesse des divorces, puisqu'elle encourageait les femmes à se séparer de leur époux quand l'entente n'existait plus.
Artémis est souvent associée à Séléné, déesse de la Lune : comme elle, on la représente avec de longues ailes, un diadème d'or, son char tiré par des chevaux blancs. Déesse de la chasse et de la chasteté, tour à tour elle fait souffrir et blesse mais aussi console et conseille.
On la dit également sœur jumelle de Britomartis la Crétoise.

* CYBELE-LA-CRETOISE :
En elle se regroupent tous les aspects des déesses grecques dont elle est la plus puissante, la plus authentique. Plus que les autres déesses, elle règnait sur le monde animal, parcourant son royaume escortée de ses lions, ayant comme autres compagnons le taureau, la colombe, le léopard, le griffon et le sphinx. Des êtres semi-humains comme les satyres faisaient partie de ses serviteurs.
Elle fut aussi Arinna-la-Hittite, déesse solaire qui règne sur les hommes et les femmes de son pays ainsi que sur le Ciel, et Hébat-la-Hourrite. Les Grecs l'appelèrent Rhéa, Terre Nourricière. Sous ce nom qui signifie " jet de lait " se projetant sur la Voie Lactée, ou bien encore sous celui de " Aditi aux pis gonflés ", elle apparaît comme immortelle, libre, " identifiée à l'univers ".
Selon une légende, elle aurait été la fille du roi de Phrygie et de la reine Dindyme ; abandonnée sur une montagne, elle aurait été nourrie par des fauves, léopards et lions, ce qui développa ses instincts de " bête ". Comme Artémis, elle protège les enfants et les créatures sauvages et a un pouvoir de guérison.
Déesse de la " petra genitrix ", de la pierre, déesse du monde des vivants et des morts, de la végétation et de la fécondité, elle règne sur les grottes sacrées de Crète et porte alors le nom de Eileithya, déesse des accouchements ; nous renvoyant ainsi à l'archaïsme de la pierre et de la terre, du refuge matriciel, à l'ère paléolithique où les cavernes ont joué un rôle initiatique et religieux primordial.

L'évocation de tels mythes et des divinités qui les habitent nous sensibilise davantage aux aspects de nous-mêmes qu'ils éveillent et avec lesquels ils peuvent résonner, nous permettant ainsi de mieux comprendre l'évolution des archétypes en présence, de ce qui en nous, participe de notre nature divine et céleste et de notre nature humaine et terrestre.
Le culte de la Déesse Mère étant centré sur le cycle de Vie - Mort - Renaissance, il convient de l'aborder avec respect, innocence et humilité, avec cette " intuition sacrée " qui permet d'approcher les principaux Mystères.
La présente évocation se trouve enrichie et complétée par celle des figures des grandes magiciennes qui ont existé depuis le début des temps.


Cercle des
Magiciennes


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